Le dossier paru dans le Figaroscope de ce mercredi 18 janvier pose une problématique récurrente dans le milieu de la restauration : “Paris est-elle la capitale gastronomique du monde ?”. Sept critiques internationaux livrent leur opinion.
Sommaire :
- les-10-adresses-du-Figaroscope
- Paris-capitale-mondiale-de-la-gastronomie?
- Ce-que-les-critiques-internationaux-pensent-de-paris
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JOE RAY écrivain du voyage et de la gastronomie pour le “Boston Globe“.
Pour Joe Ray, la question est complexe. “Il y a vingt ans-même il y a dix ans, quand je me suis installé à Paris-, on se posait la question rien que pour le plaisir, mais on connaissait déjà la réponse“. Il pointe du doigt une nourriture souvent chère, un café mauvais et une bière de seconde classe. Mais ne peut s’empêcher de constater que le charme opère dans les endroits de renom, tels que le Severo, le Pierre Gagnaire ou encore le Bistrot Paul Bert. “Champion du monde indéniable ? Plus maintenant. Mais l’exception française règne. Disons que Paris est première ex-aequo. Et pour moi, elle le sera toujours“. Tout est dit.
LUIZ HORTA journaliste vins et spiritueux de l’ “O Estao” de Sao-Paulo Paladar.
“Pour être heureux, il suffit de vivre à Paris“. Luiz Horta affiche son opinion dès les premières lignes, en soulignant la qualité du pain aussi bien dans un arrondissement que dans le pays entier. Le fromage, les vins, de bons restaurants à foison…le Brésilien envie à coup sûr la gastronomie française. “La bonne bouffe est accessible de partout sur cette petite planète gastronomique“. Bien que les autres capitales s’essayent à la cuisine, Paris reste pour lui le centre de gravité culinaire.
KEN HOM chef cuisinier et présentateur de télévision sino-américain.
Tout comme Joe Ray, Ken Hom a des doutes sur la réponse. Pour lui, Paris est la capitale gastronomique, mais seulement en Occident. Bien loin, donc, de la première place ultime. Si les Français sont très bons dans leur domaine, ils ont cependant du mal à exercer avec précision la cuisine étrangère. Ainsi, la cuisine Japonaise serait bien meilleure à New-York, tandis que Londres exécute à merveille les spécialités Chinoises, presque aussi bien qu’à Hong-Kong. La cuisine Thailandaise, elle, est magnifiée à Los Angeles et à Sydney. Alors Paris, bonnet d’âne de la cuisine internationale ? “les cuisine étrangères sont peut-être reléguées au rang de simple curiosité“. Mais pour Kem Hom, aucun doute : Paris reste une référence pour les chefs du monde entier, notamment grâce à sa technique et à ses ingrédients d’une rare qualité.
NICK LANDER critique gastronomique au “Financial Times”
Les promenades sur le marché, les vins succulents et les petits-déjeuners à l’aube ont eu raison de Nick Lander : “Paris est, a toujours été et restera la capitale du monde en matière de gastronomie”. Et même s’il est parfois déçu de la qualité de certains restaurants, le critique gastronome avoue avoir un faire pour Paris dès qu’il rêve de nourriture.
CARLO PETRINI fondateur et président de Slow Food
Nostalgique, Carlo Petrini se remémore son premier voyage de chef à Paris. Marché des Halles, temples de la cuisine française…pour lui, “Paris est le mythe d’origine de la gastronomie“. Ce qui n’a pas empêché à la ville de connaître de sérieux coups de mou où le côté prétentieux effaçait la qualité. Il salue Barcelone pour sa créativité et les jeunes chefs Scandinaves pour leur capacité à cuisiner des ingrédients venus du grand froid et même les Etats-Unis, où fleurissent de plus en plus ces restaurants organiques. Mais pour Carlo Petrini, ce qui distingue Paris des autres, ce sont les restaurants branchés et l’ouverture de “nouveaux bistrots”. “C’est ça aujourd’hui qui faite tendance et met Paris à l’avant-garde”.
ANISSA HELOU journaliste gastronomique, écrivain, collectionneuse, spécialiste de la cuisine méditerranéenne et du Moyen-Orient.
Alors que le journaliste François Simon pointait du doigt le traditionalisme français, Anissa Helou admet que c’est justement ça qui lui plaît à Paris. “Je raffole des bistrots qui n’ont pas changé au fil des années, où la cuisine est simple, bonne et traditionnelle comme au Paul Bert, chez Georges ou chez Denise“. Les cafés, les restaurants étoilés, la baguette croustillante, des oeufs au plat…la critique gastronome, amoureuse de la bonne bouffe conclut: “Peut-être qu’après tout, Paris est bien la capitale mondiale de la gastronomie“.
YUMIKO INUKAI Journaliste gastronomique pour “Vogue Japan“, “Casa Brutus”
Dans sa critique, Yumiko Inukai est catégorique : “Ma réponse est non ! Il y a aussi Madrid, Londres, Copenhague et Modène“. Les modes changent, et d’après elle, Paris n’affiche plus vraiment la tendance. Pire, la nostalgie de notre nourriture donne droit à notre gastronomie le nom de neo French. Pas franchement flatteur. Mais selon Yumiko Inukai, la raison est simple : “Il n’y a plus de véritable secret lié à cette ville, si ce n’est ue le foie gras, la truffe et le caviar, qui ne poussent pas forcément à l’admiration“. Focus donc sur les produits naturels et rares, notamment retrouvés dans la cuisine nordique et asiatique. Une chose est sûre, ” Paris reste Paris“.