Le Salon des Miroirs
13, Passage Jouffroy – 75009 Paris
Tél : 01 83 76 04 84
H-2. « Vous allez vous marier, mademoiselle ? »
Je pense que le chauffeur de bus (ou le Cosmos) essayait de me faire passer un message – à moi et à mon inspiration de porter du blanc ce soir-là.
H-1. Le Salon des Miroirs. Ca sonne bien non ? Samedi soir, point culminant de la semaine, nous allons faire la fête dans l’une des plus belles salles parisiennes. Mais celle-ci a un truc en plus : le Salon des Miroirs, c’est l’endroit où rapatrier sa bande de copains et de copines autour d’une bonne table, d’une bonne bouteille de vin, de quelques cocktails (on vous rappelle que l’abus d’alcool est nuisible, mais ce soir on vous excusera si vous riez trop fort) et d’une piste de danse dans une salle immaculée et étincelante. Le tout, sous les même latitudes, puisque, oui, le Salon des Miroirs fait tout ça.
H. Il est 20 heures. Jérémy et moi débouchons du métro Grands Boulevards, sur le grand Boulevard Poissonnière. Il fait beau, les touristes s’empressent de poser à tour de rôle devant la porte pourpre du Musée Grévin – signe que nous ne sommes pas loin. Effectivement, le passage Jouffroy est juste à côté : une galerie secrète, calme, qui abrite quelques boutiques à la mode du XIXe siècle.
Mon regard a juste le temps de croiser celui des bonbons de cette boutique délictueuse et nous sommes devant le Salon des Miroirs. Enfin, devant son entrée – un hall tout en verre qui abrite un grand escalier. Le bodyguard de l’endroit se tient bien droit et nous demande de patienter. Le temps d’aller revoir mon coup de foudre sucré et interdit – heureusement que la boutique est fermée – et nous sommes invités à entrer. Petit côté VIP indéniable. Intéressant.
Nous montons les quelques marches de l’escalier finement carrelé pour atteindre un petit comptoir : c’est là que les invités paient leur formule (il y a 4 différents menus, de 49€ à 89€), comme ça, c’est réglé. Hop, quelques marches pour atteindre l’étage où se trouve la salle. Enfin, pas mal de marches en fait. Mais c’est de bonne guerre : un espace lumineux à perte de vue s’étend finalement devant nous, un peu style paradis céleste – ascension comprise.Tout est dans les tons blanc et crème, moulures en pâte de verre et grandes baies vitrées à l’appui. Ce sont surtout de grandes tables rondes qui sont disposées partout dans la salle, mais on nous installe très confortablement à une petite table avec vue sur le Salon des Miroirs. Nous admirons les grands lustres en fil, et le ballet maintenant incessant de groupes de filles bien décidées à marquer l’esprit de leur meilleure copine pour son enterrement de vie de jeune fille. Elles sont toutes sur leur 31, avec leur plus jolie robe de soirée-entre-filles, escarpins assortis. « Toutes » comprend également ce jeune futur marié, en petite robe noire, escarpins vernis, trop maquillé (on vous le répète : soit on insiste sur les yeux, soit on insiste sur la bouche, pas les deux) qui arrive avec sa bande de copains. Intéressant (bis). Un groupe de filles habillées en blanc se demande si je ne me suis pas perdue ; la petite diablesse en rouge parmi elles leur fait signe que non, la fille en robe blanche assise là n’appartient (malheureusement) pas à leur bande.
Voilà pourquoi ce soir-là, la robe blanche aura réussi à me mettre la pression. Merci le Cosmos.
La clientèle, vous l’aurez compris, est plutôt jeune, mais ça n’empêchera certainement pas une tablée de fêter l’anniversaire d’un cinquantenaire en faisant autant de bruit que les autres.Sur les bons conseils de notre hôte, et du service qui sera très sympa tout au long de la soirée, nous choisissons le menu VIP, le plus généreux en vin et champagne. Nous déclinons la bouteille de champagne mais sirotons le cocktail compris dans l’offre ; et c’est le moment des entrées.Jérémy choisit l’escalope de fois gras de canard poêlée aux champignons des bois et jus de porto : c’est très tendre, savoureux, avec un goût profond très agréable et une texture onctueuse.Je choisis la Papillote de Saint Jacques et ses crevettes posées sur une brunoise de courgettes, tomates, aubergines et poivrons : tout un assortiment de bonnes choses dans une petite assiette coquette. Les crustacés sont moelleux et savoureux, avec un goût très fin. +1 pour la papillote, qui garde le tout bien au chaud – et qui n’est pas compliquée à dépiauter.L’ambiance est toujours aussi joyeuse, si ce n’est plus, lorsque le Dos de cabillaud, sauce citron crème à l’aneth, et le « Bœuf 48 heures » et ses pommes grenailles arrivent. Le poisson est bien tendre, bien chaud. La chair se détache sans résistance – pas d’arrête à l’horizon. Le riz qui l’accompagne est cuit à la perfection ; la petite compotée de légumes du soleil est bien assaisonnée, et la sauce doucement citronnée satisfait notre envie de piquant.Le bœuf est exquis : cuisson parfaite, saveurs et tendreté sont au rendez-vous. Sans parler des pommes de terre en robe des champs. La bouteille de Bordeaux Mouton Cadet de 2007 apporte de légers accents caramel à notre dîner, tout en restant piquant et léger, avec un nez frais aux arômes de cassis…
Les desserts ! Nous avions le choix entre un Fondant aux pommes servi tiède, un Cœur fondant coulant à la Framboise entouré de chocolat noir et une Mousse au chocolat dans un moelleux au chocolat (!). Ni une, ni deux, allons-y pour ces mises en abyme du cacao. Parce qu’on aime les pommes, vraiment, mais sincèrement… il nous aura été impossible de résister à cette générosité chocolatée (même si on n’a pas vraiment essayé, et qu’on est loin de le regretter), deux bijoux de gourmandise – les jumeaux diaboliques, dont seuls les cœurs les distingueront.Bilan de la soirée : nous avons renoncé à aller fureter de l’autre côté du rideau qui scindait la salle en deux ; je soupçonne le groupe des filles angéliques (auréole sur chaque tête) d’avoir ramené un strip-teaseur, mais on ne le saura jamais. Ceci dit, bon point pour la discrétion ! Et notre impression finale : une bonne soirée, sympa, sans prise de tête, détendue et chic à la fois.
Le Salon des Miroirs
13, Passage Jouffroy – 75009 Paris
Tél : 01 83 76 04 84