Restaurant Le 37m²
66 rue Rodier – Paris 75009
Téléphone : 01.48.78.03.20
Un mercredi d’été comme un autre, une chaude journée d’été qui s’achève dans la douceur. Aurélie et moi arrivons sans embûche rue Rodier, au cœur d’un petit bout de quartier très calme et légèrement verdoyant près de la station Anvers. Le décalage nous étonne, loin du tumulte de l’avenue Barbès-Rochechouart, pourtant à deux pas du restaurant. On retrousse nos manches, fin prêts à tester le 37m², nouveau restaurant aux mensurations aussi légères que sa cuisine. L’endroit est cosy, quelques tables disposées dans un espace tout en longueur avec un petit bar à l’entrée.
Le concept du restaurant 37m² s’articule autour de trois personnes, trois amis : Yi Lin en cuisine, Aurélien et Costya en salle, au service d’une cuisine créative, doux mélange entre influences taïwanaises et recettes françaises. On nous place près de la fenêtre, une petite table intimiste surmontée d’une belle fleur rose et deux de sièges de cinéma face à face. La carte semble tout aussi détendue -cinq plats principaux, quelques entrées et desserts- pas de quoi se perdre en route. “Et pour les vins, il faut regarder dans le miroir”. Décidément ce restaurant est plein de surprises, voyons ce que ça donne dans l’assiette.
En apéritif nous faisons connaissance avec les Bubble Tea, des boissons typiquement taïwanaises nous explique Costya. Derrière ce nom rigolo, un mélange de thé glacé aromatisé et des petites boules de tapioca noires, une grosse paille en bonus pour nous amuser avec ces dernières. Noix de coco pour moi (petit avant goût des vacances), et Aurélie, un peu plus aventurière, succombe au charme du martini fraise. “Mais c’est trop bon ce truc !”. Effectivement c’est bon, inédit, ces petites boules de tapioca sont de véritables gourmandises à dénicher au fond de son verre. On commence avec le sourire, c’est bon signe.
Nos entrées arrivent très rapidement à table, pour moi c’est boulettes de porc enrobées de riz gluant cuites à la vapeur. Très esthétiques, les boulettes sont savoureuses et fondent en bouche à la manière de raviolis chinois, une sauce à base de soja accompagne parfaitement le tout. Le petit plus vient des grains de riz, leur texture croquante se marie tendrement à la viande et la sensation en bouche est étonnante. Mes quatre bouchées s’envolent rapidement.
Aurélie se laisse séduire par un magret de canard fumé au thé noir et parfumé à la prune. Le canard révèle tout son fondant une fois en bouche. Petit conseil : placez le côté poudreux de la tranche directement sur la langue, l’assaisonnement à la prune prend alors sa pleine mesure et l’effet en bouche en est décuplé. Le fumage du canard apporte une note de finesse supplémentaire, l’ensemble est subtil et se déguste sans peine. La salade qui accompagne le plat se tient, légèrement croquante. Nous sommes en présence d’une belle balance visuelle et gustative, Aurélie est sous le charme.
Très attentionné, Aurélien enchaine rapidement avec nos plats et une autre fournée de ces délicieux Bubble Tea. “Nous ne prendrons pas de vin finalement”. Café au lait et cacahuète pour la seconde tournée, on est toujours conquis. Le service s’enchaine -rapidement mais sans nous presser- et voilà qu’un bœuf sauté aux légumes au basilic et poivre vert fait son apparition. Le plat est intelligemment relevé, sans arracher la mâchoire ni noyer les aliments dans un fond d’huile sans saveur. Le bœuf est tendre et sa sauce pimentée fait des merveilles. Le bol de riz en accompagnement est le bienvenu pour prolonger mes petites envies de trempette de fond de plat et les légumes marinés sont croquants.
Aurélie a une bonne main ce soir, elle ne lâche rien et jette son dévolu sur les gambas enrobées de cheveux d’ange (pas les siens bien sûr… quoique). Les fils de kadaïf enrobent délicatement les crevettes et relèvent leur goût, le jeu de textures entre l’extérieur et l’intérieur est saisissant. Ici aussi ce sont des légumes marinés qui accompagnent le plat, ils apportent une touche croquante à l’ensemble.
Les intitulés des desserts laissent deviner de belles petites gourmandises. Pour moi, c’est chocolat carambar, très bon et joliment présenté. La praline prend malheureusement trop le dessus sur le chocolat mais l’ensemble reste agréable à découvrir. Avec un tel titre, je pensais surtout que le carambar ne se limiterait pas à un élément décoratif, un peu déçu de ce côté là. Une boule de mangue accompagne mon dessert, sans lien ni justification, mais trouve sa place en conclusion rafraichissante.
Aurélie opte pour une tarte citron mangue et sa pâte sucrée au thé vert. Le mélange semble alléchant, on reste dubitatif sur la présence de mangue dans la tarte, mise à part la boule de glace en accompagnement. Malgré ces interrogations, la tarte se déguste sans fausse note, le mélange citron/thé vert fonctionne, la pâte sait se faire discrète et le citron n’est ni trop acide, ni trop sucré. Belle découverte.
Le restaurant 37m² nous aura laissé une belle impression. La cuisine fusion de Yi Lin, l’accueil et le service d’Aurélien, les bubble tea de Costya, on se sent à l’aise malgré la faible superficie. On s’enjoue même, l’espace faisant écho au menu, simple mais inventif. Même constat du côté de la salle qui nous laisse une image agréable, quelques tables et deux-trois astuces suffisent à nous plonger dans une ambiance décalée et conviviale, le petit univers des trois occupants des lieux. Le IXème arrondissement a trouvé son taïwanais, son petit spot branché à découvrir entre amis. Mais pas tous à la fois, 37m², ça se remplit vite !
Restaurant Le 37m2
66 rue Rodier – Paris 75009
Téléphone : 01.48.78.03.20